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68e promotion : Un retour d’expérience essentiel

© ENSP

Ce début de semaine marque le retour sur les bancs de l’ENSP de 37 commissaires issus de la 68e promotion. Deux ans après leur sortie d’école ils font le point ! Un « retex » organisé pendant 3 jours qui devrait leur permettre de dresser le bilan de leur entrée en fonction et de partager les bonnes pratiques. L’occasion pour nous d’aller à leur rencontre…

Pierryck BOULET, major de promotion en 2018 avait choisi d’aller s’installer à CREIL en première affectation. Qu’est-il devenu ? Comment a-t-il vécu ses premières années en tant que commissaire ? Aujourd’hui chef de circonscription à Compiègne (60), il a répondu à nos questions.

 

Vous participez au « retex » de la 68e  promotion durant 3 jours. En quoi est-ce important ? Qu’êtes-vous venu y chercher ?

  « Au cours de mon premier poste, j’ai acquis certains réflexes et une méthode de travail, propres d’une part au caractère « hors norme » du territoire creillois, et d’autre part au mode de fonctionnement d’un département où la police est minoritaire par rapport aux gendarmes. Et où les trois circonscriptions sont distantes d’environ trente à cinquante minutes ! Ce retex va me permettre d’échanger plus avant avec mes camarades de promotion sur la façon dont ils ont appréhendé leur poste et de partager les « bonnes pratiques », qui peuvent être adaptées mutatis mutandis au territoire sur lequel j’évolue. Par ailleurs, cela me permettra aussi de revoir toute ma promotion et nul doute que nous vivrons durant ces quelques jours de très bons moments ».

 

© ENSP

 Revenons deux ans en arrière... Racontez-nous votre première prise de poste. Comment l'avez-vous appréhendée ?

  « Après une semaine de prise de poste, j’ai eu la chance de faire trois semaines d’intérim en tant que chef de circonscription. Il m’a alors fallu gérer la demi-finale et la finale de la coupe du monde de football et la nuit du 13 juillet. Trois soirées intenses en terme de violences urbaines et d’affrontements, avec des groupes qui n’avaient qu’une envie, celle de s’en prendre aux forces de l’ordre en faisant le plus de dégâts possibles. Initialement préoccupé par le déroulement de ces nuits, n’ayant pas d’expérience en la matière, je dois dire que cette situation m’a finalement permis de me mettre tout de suite le pied à l’étrier. J’ai été soutenu par mon directeur et j’ai également pu m’appuyer sur des collaborateurs performants et des fonctionnaires efficaces ».

Que vous a-t-il manqué ? Quelles ont été vos difficultés ?

« Le plus difficile a été de gérer le manque. Le manque de fonctionnaires tout d’abord, avec une circonscription qui n’était plus que l’ombre de ce qu’elle avait été : plus de FMU (formation motocycliste urbaine), plus d’UCL (unité cynophile légère ), plus de GSP (groupe de sécurité de proximité) et des départs constants de fonctionnaires. Le manque d’argent et de matériel ensuite, qui aurait permis de rendre la circonscription plus attractive. Néanmoins, avec Noël MONTEGGIANI, le commissaire central de Creil et Olivier DIMPRE le DDSP, nous nous sommes attaché à remettre la circonscription à flot. Les renforts ont fini par arriver avec la création du QRR et les locaux ont été rafraîchis ».

 Qu'avez-vous, au contraire, pu appliquer directement à l’issue de votre formation ?

  « Je me suis très régulièrement appuyé, pour des questions techniques, sur les documents que j’avais conservés de la formation initiale. De même, des réflexes et méthodes ont été acquis au cours de ces deux années de préparation au premier poste et j’en suis très satisfait ».

 Quels sont vos souvenirs marquants ?  

 « Les moments les plus intenses auront été les épisodes de violences urbaines, particulièrement récurrents à Creil, qui sont de vrais instants d’élaboration d’une stratégie, de cohésion entre les fonctionnaires et de responsabilité lorsque je dirigeais les hommes. Je garde également en mémoire l’effervescence du service lors des opérations judiciaires d’envergure et, de façon plus prosaïque, les quelques moments de cohésion au sein du commissariat avec l’ensemble des unités ».
 
 Quel bilan dressez-vous de vos premières années en tant que commissaire ?
  « C’est un bilan très positif. À aucun moment je n’ai regretté ni l’orientation que j’avais prise, ni le choix de mon premier poste. J’y ai découvert des fonctionnaires attachants et des fonctions en parfaite adéquation avec ce à quoi je m’attendais » .
 
 

Depuis, vous avez changé de poste. Racontez-nous l'évolution de votre carrière.
  « À l’issue de mes deux premières années au poste de central adjoint à Creil, mon DDSP m’a proposé le poste de chef de circonscription de Compiègne. Après quelques temps de réflexion, j’ai trouvé ce défi très stimulant : être responsable de « sa » propre circonscription, qui plus est classée difficile, est lourd de responsabilités mais particulièrement enrichissant dans une carrière. C’est aussi une vraie marque de confiance de mon directeur que je compte bien honorer ».
 
 Parlez-nous de votre circonscription...
  « Compiègne est une ville très contrastée, qui concentre en elle toute la sévérité de la fracture sociale. D’un côté, la ville impériale, bourgeoise, de l’autre, les quartiers difficiles et la plaque tournante du crack et de l’héroïne au nord de Paris. Ces deux mondes s’évitent pratiquement tout à fait. Par ailleurs, près du tiers de la superficie de la forêt de Compiègne se situe en zone police, entraînant son lot de problématiques et notamment les manifestations d’opposants à la chasse à courre ».
 
 Quelles sont les principales qualités d’un bon chef de circonscription ?  
 « D’abord, il faut avoir le sens du dialogue et de l’écoute afin de diriger de façon optimale les différentes unités du service. En outre, il faut disposer d’une méthode de travail à laquelle se tenir pour organiser ses journées, de façon à satisfaire aux différentes injonctions (commandes, instructions hiérarchiques, sollicitations des partenaires extérieurs, etc.). Enfin, il faut avoir le sens des responsabilités. C’est essentiel pour travailler en toute confiance avec son directeur départemental et les principaux interlocuteurs que sont la municipalité, la préfecture et le Parquet ».
 
 Qu'est-ce qui vous passionne le plus dans votre métier ? Dans votre poste actuel ?
  « Durant ces deux premières années, j’ai la sensation d’avoir appris quelque chose tous les jours. Qu’il s’agisse de lutte contre la délinquance, de relations humaines, de réalisation de projets… rien n’est figé et la marge d’adaptation et de manœuvre pour le chef de service est particulièrement appréciable. J’ai pris plaisir à diriger le service, à échanger avec les fonctionnaires, à patrouiller avec eux, à étoffer le contact avec des interlocuteurs variés (élus, Parquet, préfecture, etc.).
 
 Comment avez-vous vécu la crise sanitaire ?
 « Cela fut éprouvant. Le commissariat de Creil a été particulièrement touché, avec plus de vingt fonctionnaires testés positifs, dont moi ! Il a fallu fermer toute l’unité judiciaire pendant près d’une semaine, réorganiser le service, demander aux fonctionnaires de vrais sacrifices supplémentaires (changements de cycle, disponibilité, etc.). Néanmoins, la période a été riche d’enseignements et elle aura eu l’avantage de redéfinir un certain nombre de paramètres relatifs à notre activité et aux conditions d’exercice de celle-ci. Fort des enseignements vécus à Creil, je me sens désormais mieux armé à faire face à une éventuelle crise sur mes nouvelles fonctions  ».
 
 Qu'envisagez-vous pour la suite ?
  « Je viens à peine d’arriver sur mon nouveau poste ; je ne suis pas pressé… »

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