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« Le management est une question centrale dans notre métier »

© INFPN-CPMA-Clermont Ferrand- 2015

Ils entreront en fonction dans moins d’un an. Les élèves de la 71e promotion de commissaires de police entament donc la seconde partie de leur formation, axée essentiellement sur le management, une notion essentielle dans leur futur métier.

Vendredi matin ils avaient rendez-vous avec le contrôleur général Frédéric LAUZE, DDSP du Val d’Oise (95). Durant deux heures, ils ont attentivement écouté son témoignage. Décliné en quatre thématiques et parsemé de précieux conseils, l’énoncé de l’ancien médiateur interne de la police nationale se voulait comme un guide pratique du management, mettant le pied à l’étrier des futurs chefs de service.

En tant que médiateur, j’ai constaté que les plus gros soucis rencontrés venaient, au départ, d’un problème de management […] Pourtant, dès le premier jour du premier poste, le management est ce sur quoi on nous attend, a d’ailleurs insisté Frédéric LAUZE en préambule de son intervention 

Le management se travaille

À la question sur des prédispositions naturelles, un talent inné pour le leadership ou le charisme, Frédéric LAUZE préfère répondre avec prudence.

On peut penser que l’inné est plus important que l’acquis. Avec le recul je peux affirmer que le management se travaille ! On peut être servi par sa personnalité mais on peut aussi être desservi. Quelqu’un qui se repose sur ses bases, qui ne se remet jamais en question, peut très vite devenir un très mauvais manager » déclare-t-il, avant d’ajouter : « Il existe de nombreux modes de management et tous peuvent être efficaces. Notre façon de manager est susceptible de s’ajuster en fonction des services et du terrain.

Le contrôleur général a effectivement, de par son parcours professionnel riche, expérimenté différentes situations qui l’ont amené à se repositionner en tant que chef de service :

Alors que mon mode de management est d’ordinaire plutôt participatif, j’ai dû concourir à un management beaucoup plus directif sur certains postes. A contrario, je m’attendais à devoir m’adapter aux spécificités culturelles du territoire aux Antilles. Cela n’a pas été le cas. J’ai surtout dû m’adapter aux spécificités techniques du renseignement.

Privilégier le management par le sens des valeurs

Parmi les nombreux conseils prodigués aux élèves, Frédéric LAUZE a souligné l’importance de revenir aux valeurs fondamentales de la police nationale.

Nous ne faisons pas un métier de technicien. Nous manageons des hommes et des femmes qui ne viennent pas là par hasard, qui travaillent sans relâche de jour comme de nuit. Nos collègues sont ici par idéal. Ils veulent servir le pays et la population, faire respecter la loi, ont une idée forte de justice…. La contrepartie c’est que quand il y a des déceptions elles sont à la hauteur des attentes : très grandes. Prenez en compte cette dimension ! Par ailleurs, le sentiment d’appartenance à un corps est très fort. On se retrouve face à des corps distincts et divisés. Tout ce qui est fédérateur est donc très important. Il faut réfléchir à la cohésion et la motivation. Revenir aux valeurs fondamentales, l’éthique, le sens du collectif. N’hésitez jamais à rappeler la noblesse de nos missions, que ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise. Pour cela, créez des groupes de travail, donnez l’opportunité à chacun de s’exprimer, impliquez les effectifs.

Pour cela, le « commissaire-manager » devra bien connaître ses effectifs. Le DDSP du Val d’Oise a d’ailleurs mis l’accent sur la nécessité de faire la différence entre un organigramme qui indique « qui fait quoi » et un sociogramme qui permet de connaître plus en profondeur les aptitudes, les passions, les connaissances de chacun.

Ni trop loin, ni trop près des hommes et des évènements

Si certains des grands principes du management peuvent paraître évidents, ils sont loin d’être des poncifs aux yeux de Frédéric LAUZE. Savoir déléguer, être impartial, se remettre en question, trancher, être attentif… tout est une question d’équilibre !

Il faut être ni trop loin, ni trop près des hommes et des évènements. Vous aurez le droit de vous tromper mais devrez être capable de faire machine arrière. Comme vous devrez avoir conscience de ne pas être l’unique sachant, mais être capable d’organiser les savoirs. Enfin, n’oubliez jamais les gestes simples, sachez dire merci et bravo.

Se manager soi-même

Pour le contrôleur général, il est une certitude : pour être un bon manager il faut prendre soin de soi !

Si souvent le commissaire est seul, ne vous isolez pas ! Dans notre métier nous subissons un tsunami d’émotions, il faut savoir prioriser, garder la tête hors de l’eau. Évitez le présentéisme et prenez le temps de penser. Il faut pouvoir se déconnecter et prendre du recul pour pouvoir être performant.

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