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Les élèves de l'ENSP déployés en renfort des effectifs sur le terrain (partie 1)

Sitôt le confinement annoncé, les équipes pédagogiques se sont immédiatement mobilisées afin d’assurer, en distanciel, la poursuite et le suivi des acquis indispensables à la formation initiale des futurs commissaires et officiers de police (lire nos articles précédents). Dans le même temps, une grande partie des promotions a été déployées sur le terrain, en renfort des effectifs de sécurité publique et de la Préfecture de police.

Si la 70e  promotion  des élèves commissaires était déjà en stage au début de la crise sanitaire, et ce jusqu'à fin mai, il a néanmoins fallu, eu égard aux circonstances et en concertation avec la direction centrale de la sécurité publique et la Préfecture de police, adapter ou modifier quelques lieux de stage pour tenir compte d’éventuelles difficultés personnelles, familiales, et/ou d’hébergement et de transport de certains élèves.

Les élèves de la 71e  promotion  ont quant à eux, sous couvert d’ordres de mission délivrés par le directeur de l’ENSP, rejoint les effectifs de terrain, au plus près de leur domicile, dans des services relevant de la direction centrale de la sécurité publique ou de la Préfecture de police. Disponibles, et réactifs, les élèves sont mobilisés de jour comme de nuit. Les missions qui leur sont confiées s'articulent de manière dynamique et adaptée afin de coller au plus près aux besoins exprimés par les services opérationnels.

© ENSP

Nous sommes allés à la rencontre de Céline GRAMOND, élève de la 71e  promotion  :

Avant toute chose comment allez-vous ?

Très bien, autant qu’on puisse en être sûr en ce moment. Je vis bien les mesures de confinement, je prends cela simplement comme une nouvelle organisation. On touche d’une certaine manière à l’une des qualités essentielles du policier : savoir s’adapter, même si nous sommes face à des conditions atypiques à tout point de vue.

Vous avez été déployés sur le terrain en renfort des effectifs de sécurité publique pendant cette crise sanitaire. Où êtes-vous et depuis quand ?

À la préfecture de Police de Paris, la mission confiée aux élèves de la 71e  depuis le 25 mars est un peu particulière : nous équipons des postes au cœur de la cellule interministérielle de crise (CIC) basée au ministère de l’Intérieur. Ces postes étaient jusque-là équipés par des cadres de la DSPAP et de la DOPC ; notre mise à disposition permet aux services actifs de conserver ces cadres en leur sein.

Racontez-nous votre quotidien. Comment cela se passe pour vous ?

Avant le confinement et la mise à disposition de la PP, mon quotidien était alors une savante combinaison entre maîtresse d’école et animatrice.

J’ai rejoint la capitale dès notre engagement et ai donc laissé mes enfants. Cette séparation n’est pas simple à gérer au quotidien pour eux comme pour moi. J’ai organisé mes journées de manière assez « militaire » pour garder rigueur et dynamisme, en alternant mission CIC, cours en distanciel, sport (à l’intérieur évidemment) et toutes les choses que l’on n’a jamais le temps de faire habituellement à la maison.

Quelles sont vos missions principales ?

Au sein de la CIC nous occupons deux types de postes.

Le premier est dans la salle dite « situation » qui est en charge de suivre l’évolution de tous les aspects de la crise ; y sont rassemblés des représentants de chaque ministère ayant un rôle opérationnel dans celle-ci, pour le ministère de l’Intérieur sont présents un représentant de la DGPN, un de la DGGN et un de la PP. Nous assurons cette dernière fonction, officier de liaison PP. Cela consiste à assurer un lien permanent entre la CIC et le cabinet du préfet de Police, transmettre dans un sens comme dans l’autre toutes les informations essentielles, attirer l’attention du chef de salle sur des faits revêtant une sensibilité particulière, solliciter des éléments sur des points particuliers, en fonction des dernières actualités et des points d’attention relevés quotidiennement par le ministre de l’Intérieur.

Le second est dans la salle dite « thématique ». Celle-ci reçoit toutes les questions remontant des préfectures et directions des différents ministères portant sur l’application des mesures découlant des dispositions de l’état d’urgence sanitaire. Elle doit y apporter une réponse englobant tous les aspects (juridique, police, santé, …) et pour ce faire les différents acteurs qu’elle rassemble se concertent et formulent les éléments nécessaires. Elle assure également une fonction d’anticipation à 48/72h sur les sujets émergents au fil des jours pour apporter un premier niveau d’éclairage aux autorités. Nous y occupons la fonction de référent police pour la PP et concourrons donc à l’élaboration de tous ces éléments de langage.

En quoi la crise sanitaire actuelle change-t-elle le travail quotidien des effectifs sur le terrain ?

Du fait de ma mission à caractère état-major plutôt que terrain, je vois cet impact avec un certain recul : outre les changements de rythme de travail subis afin de se protéger autant que possible les uns et les autres et de préserver les capacités opérationnelles essentielles, ils ont dû s’adapter à des missions nouvelles : les contrôles des déplacements ne sont pas comparables aux contrôles habituellement menés. Et si l’accomplissement de certaines missions plus habituelles nécessitant par exemple une intervention à domicile perdure, il se fait avec toutes les précautions possibles pour la sécurité sanitaire de tous mais en n’omettant pas la sécurité habituelle en intervention ; cela n’est pas toujours chose aisée. Sur les structures état-major, on se rend compte que les effectifs réalisent le même type de missions (prévision, engagement, conduite, gestion de la disponibilité des unités) mais avec une notion d’urgence et d’incertitude exacerbée et dans des conditions fortement dégradées.

Arrivez-vous à travailler sereinement tout en ayant, aussi, vos cours à assimiler en distanciel ?

Au début du confinement j’étais encore avec mes enfants donc mon travail principal était surtout celui de maîtresse et animatrice, comme la plupart des parents de la promotion. Revenir à des missions police est un peu un soulagement, les apprentissages de CP et de CE2 pouvant être bien plus épuisants !

La mission qui nous revient ne nous engage pas véritablement en termes de stress ni de charge opérationnelle donc je l’aborde de manière très sereine. La mobilisation de nos chargés de formation et de l’équipe de l’e-formation notamment nous permet d’accéder à de nombreux contenus et des petits outils de tests de connaissance qui, s’ils ne remplacent pas l’enseignement en présentiel, permettent d’avancer dans nos apprentissages.

Cette situation particulière fait-elle écho à votre futur rôle de cadre de la Police nationale ? En quoi ?

Évidemment. D’une part on se projette : si j’avais déjà été responsable d’un service aujourd’hui, comment aurais-je appréhendé les choses les premiers jours, soutenu mes effectifs, assuré la continuité des missions. D’autre part, n’ayant justement pas de responsabilité directe et effective d’un service, j’essaie de prendre du recul, de capter les expériences de collègues en poste pour retenir ce qui a fonctionné, ce qui a constitué des obstacles, quels sont les points qui auraient pu être anticipés, sur ce quoi il faut accepter de lâcher prise, gérer la priorisation,... Plus particulièrement au niveau de la CIC, cela m’a une nouvelle fois démontré l’importance du travail partenarial : même si nous sommes en relation avec des interlocuteurs qui ne sont pas familiers (au contraire de ce que nous connaîtrons en circonscription par exemple), nous sommes immédiatement plongés dans une dynamique collective et complémentaire, absolument impérative dans la situation que nous traversons.

Que retiendrez-vous de cette immersion sur le terrain ?

Cette crise me rappelle une chose que j’ai toujours considérée comme très importante dans le métier de policier et qui en fait le sel : nous ne savons jamais de quoi chaque jour sera fait et face à cela, il faut savoir être humble, toujours savoir se mobiliser et rebondir, s’adapter, et ce a fortiori pour un chef de service qui doit plus que jamais donner une ligne directrice à ses effectifs et aussi les soutenir.

Notre institution et en premier lieu ses personnels démontrent encore une fois toute leur résilience : tous les effectifs montrent une solidarité et une mobilisation incroyables, quelle que soit la mission à laquelle ils sont astreints et, même débordés, exposés à un danger invisible, à la colère comme à la peur des citoyens, à l’incertitude, tous répondent présents.

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