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« Les notions d'adaptabilité, de réactivité et de disponibilité sont essentielles au sein de notre institution » Interview de deux élèves commissaires de la 71e promotion

© ENSP

Après avoir interrogé les cadres de police étrangers et les chargés de formation (lire nos articles), c'est au tour des élèves commissaires de répondre à nos questions.
Alors que la France est confinée depuis plusieurs semaines, l'ENSP poursuit sa mission d'enseignement malgré les mesures imposées pour enrayer l'épidémie liée au COVID 19. Comment les élèves organisent leur travail ? Comment vivent-ils le « tout distanciel » ? Ils se livrent !

L'un est habitué au distanciel puisqu'il bénéficie du dispositif depuis quelques mois déjà, l'autre, quant à elle, découvre ce mode de formation depuis le confinement. Lucile RAIMBAULT  et David NOIREAULT  sont tous les deux élèves de la 71e  promotion d'élèves commissaires et poursuivent, aussi bien que possible, leur formation.

Avant toute chose, comment allez-vous ?

Lucile RAIMBAULT :

Je vais bien, merci. J'ai été en quatorzaine obligatoire à la maison, suite à mon retour de métropole. Les conditions de retour des réunionnais se sont désormais durcies puisque les gens ne sont plus confinés à leur domicile mais dans des centres réquisitionnés par la Préfecture pour éviter la propagation du virus. À la Réunion, tous les cas ont été importés, et la contamination ensuite s'est propagée par contact.

David NOIREAULT :

Le plus important est que personne au sein de notre foyer n’est actuellement touché par ce virus. Mon épouse est infirmière en hôpital public, c’est donc avec une certaine appréhension que je la vois partir au travail. Le moral reste bon. Je pense à mes proches, à mes amis et à mes collègues qui connaissent tous cette situation.

Dans quelles conditions se passe votre confinement ?

LR :  

Je suis confinée à la maison avec les enfants (deux garçons particulièrement dynamiques de 7 ans et 5 ans et demi, respectivement en CP et en grande section).

DN :  

Nous résidons en pavillon, avec jardin. Les enfants (18, 17 et 15 ans) peuvent donc se défouler, même si la toile du trampoline vient de rendre l’âme ! Le chien n’a jamais autant été promené ! Au niveau professionnel, je reste à disposition du commissariat des Sables d’Olonne. Le commissaire chef de circonscription préfère que je reste en confinement tant qu’il n’y a pas de besoin local avéré. La Vendée reste un département relativement peu impacté pour le moment.

Pour assurer sa mission première, l’ENSP a généralisé le distanciel à l’ensemble de votre promotion. Comment cela se passe pour vous ?
LR :  

Je trouve le dispositif très intéressant, même si cela se passerait mieux si nous n'avions pas toutes les contraintes familiales imposées par cette crise hors du commun.

DN :  

Cela n’a pas eu d’impact particulier en ce qui me concerne, étant déjà en apprentissage distanciel sur la période courte (octobre) et la période longue (de janvier à fin avril). Le plus grand changement réside dans le fait de ne pas pouvoir me rendre au commissariat comme auparavant.

Comment organisez-vous votre travail ? À quelles difficultés êtes-vous confrontés ?

LR :  

Pour être très honnête, ma plus grande difficulté en cette période, est liée à mon organisation familiale. Les journées avec les enfants sont très rythmées, tant par les nombreux devoirs et exercices donnés par les maîtresses, que dans la gestion globale. J'ai en outre été contactée par la DDSP 974 afin de venir travailler. Je suis en train de m'organiser avec mon conjoint en fonction du mode dégradé de son service, pour pouvoir me rendre à la DDSP la semaine prochaine. Si les enfants étaient à l'école, l'organisation du travail serait beaucoup plus aisée ! Il m'est impossible à l'heure actuelle de lire l'intégralité des documents transmis. Je suis obligée de prioriser, dans un premier temps en fonction des futures évaluations. J'ai assez peu de temps pour moi malheureusement en ce moment. Des cours en version vidéo serait un petit plus en revanche pour mettre l'accent sur les notions fondamentales et avoir une présentation dynamique.

DN :  

Je n’ai pas changé mon organisation : j’imprime les documents support de cours et je lance la vidéo concernée. Cela me permet ensuite de réaliser une fiche synthétique sur laquelle je m’appuierai pour les révisions. Je n’ai pas de difficulté particulière si ce n’est, comme mes camarades, de trouver le moment adéquat sans être dérangé ou sans céder à toute sorte de sollicitations. Mes enfants étant (relativement) grands, je n’ai pas besoin de me transformer en instituteur, à la différence de certains de mes collègues qui doivent parfois s’arracher les cheveux ! Je n’ai pas rencontré de difficultés techniques pour accéder à la plateforme, parfois quelques ralentissements sans conséquence.

Y-a-t-il des « bonnes surprises » ou des pratiques finalement appréciables liées au distanciel ?
LR :  

Le distanciel laisse une réelle autonomie de travail et d'organisation et l'idée du forum est intéressante.

DN :  

Bien entendu, le fait d’être présent à domicile permet de résoudre les petits problèmes du quotidien. L’autre « bonne surprise » est la possibilité de travailler à son rythme et ses horaires et d’alterner entre les matières : finis les amphis de 8 heures d’affilée sur la journée ! Le revers de la médaille est qu’il faut rester concentré sur l’objectif d’apprentissage et de ne perdre de temps car les cours s’accumulent !

Arrivez-vous à garder le lien avec vos chargés de formation et avec le reste de votre promotion ?

LR :  

Je pense pouvoir dire que nous arrivons à conserver le lien avec la promotion via les différents groupes WhatsApp. Nous avons régulièrement des échanges d'informations diverses ainsi que des messages humoristiques pour apporter un peu de légèreté. En revanche, il est vrai que, personnellement je n'ai pas pris contact avec nos formateurs. Je suis consciente que nous sommes tous dans une situation un peu particulière, et je n'ai pour le moment pas eu "besoin" de les contacter. Je les remercie néanmoins pour leurs envois, les réponses sur le forum, la mise en place des quizz, et les mails ou diverses informations communiquées via nos délégués de promotion.

DN :  

Si nécessaire, il existe le forum de discussion que je n’ai pas encore personnellement utilisé. Nous pouvons également adresser un mail à nos tuteurs, enseignants ou responsables qui nous répondent sans difficulté.

Y-a-t-il des matières plus difficiles à assimiler en distanciel ?

LR :  

Pas à mon sens. Mais je pense, sur ce point, que chacun aura une réponse différente en fonction de son parcours. Les cours sur l'ordre public sont certes plus interactifs en amphi. C'est déjà, par essence, une matière sensible et complexe.

DN :  

Il s’agit principalement des matières demandant des exercices pratiques, telles que les TIC (maitrise du LRPPN), l’ordre public et les TSI. Pour le sport… chacun gère à sa manière !

Cette situation fait-elle écho à ce que vous aurez peut-être à gérer demain en tant que chef de service dans la Police nationale ?

LR :  

Bien évidemment. Bien qu'inédite, cette crise démontre encore une fois à quel point les notions d'adaptabilité, de réactivité et de disponibilité sont essentielles au sein de notre institution. Au-delà de ces valeurs et devoirs, c'est à mon sens l'illustration même de notre futur métier : apprendre de chaque situation, concevoir sans cesse de nouveaux dispositifs, répondre aux interrogations et inquiétudes des effectifs, travailler en lien avec les partenaires... Ce métier, nous l'avons choisi pour cet engagement.

DN :  

Cette situation particulière de distanciel demande de la souplesse et de l’adaptabilité. Elle permet également de réfléchir sur la pertinence du télétravail dans le monde policier. Ensuite, si votre question porte sur le confinement en général, il s’agit d’une situation exceptionnelle où un chef de service doit gérer tout à la fois la problématique de la continuité de service et l’inquiétude légitime des fonctionnaires pour leur santé et celles de leurs familles. Il s’agit de trouver le juste équilibre entre les impératifs professionnels et la préservation de l’intégrité physique de ses subordonnés, comme le précise le code de déontologie. L’approvisionnement en matériel de protection, la modification des horaires de travail, le recentrage sur les missions essentielles sont des exemples concrets que le chef de service peut décider de mettre en œuvre.

 

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