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Doctorant et élève-lieutenant : la "double casquette" de Clément Binard

Publié le 16 juin 2014
© ENSP

Elève-lieutenant de police et doctorant : Clément Binard a fait le choix de poursuivre ses recherches universitaires en parallèle de son cursus de formation à l’ENSP. Un défi personnel mais aussi une démarche professionnelle qui allie théorie et pratique, au carrefour de deux domaines d’activités plus liés qu’on ne l’imagine à première vue… Procès-verbal d'une double vocation.

Clément Binard :
"Le dénominateur commun entre un « enquêteur de police » et la rédaction d’une thèse de doctorat reste l’établissement d’une démonstration basée sur un raisonnement dont la conclusion n’est pas acquise ab initio. Tant l’enquête que la thèse obéissent à un travail d’assemblage et de recherche au service de l’intérêt général."

* Les actes préparatoires
"C’est au carrefour de deux rues que l’intérêt pour la police est apparu. En apercevant deux policiers en patrouille, le déclic fut immédiat. Le virus m’avait contaminé… tombé dedans quand j’étais petit.
Ne connaissant personne dans la « boîte », je satisfaisais ma curiosité par des lectures insatiables et des rencontres déterminantes. Des ouvrages tels que « Connaître l’enquête policière », ou « Flic tout simplement » m’ont passionné. Les rencontres de Patrick Mauduit, de Christophe Gesset et d’autres fonctionnaires à l’occasion des stages m’ont beaucoup apporté.
L’objectif était fixé : le concours de lieutenant de police !

* La commission des faits
Suivant les conseils de futurs collègues, j’entrais à l’Université de Nanterre pour tout connaître du droit pénal. Engagé pour une licence, je poursuivis jusqu’en Master 2 avec un mémoire consacré à la religion et au droit pénal. Ce premier travail d’investigation juridique m’intéressa tellement que je commençai un doctorat le 5 octobre 2012 avec comme sujet de thèse « la frontière en droit pénal ».
Tout cela sans perdre de vue l’autre objectif… le concours de lieutenant.
Comme si d’un bébé – la police – je m’étais retrouvé avec deux jumeaux à élever – la police et l’Université. Il était hors de question de délaisser l’un pour l’autre.
Au regard des divers engagements, l’année 2013 allait être mouvementée : une prépa pour le concours, le concours, le début de la thèse, l’enseignement et les copies. Un cumul des mandats…
Pourtant, le 14 octobre 2013, mon nom était inscrit sur la liste des trente-trois admis au titre du concours externe d’officier de police.
L’entrée à l’école se ferait le 6 janvier 2014… Il restait trois mois pour avancer sur la thèse.

* La poursuite
De 8h00 à 17h30, je suis élève-lieutenant mais à partir de 17h45 je redeviens étudiant.
Pour l’instant, la conciliation des deux n’est pas impossible mais reste difficile. Si l’école nécessite de travailler sérieusement, rien ne m’empêche d’avancer petit à petit sur la thèse.
Selon certains, il existerait un mur infranchissable entre la théorie et la pratique comme s’il s’agissait de deux logiques antinomiques. Toutefois, une grande partie des thèses universitaires peuvent se révéler être de merveilleux outils de travail pour ceux qui appliquent des textes devenus de plus en plus épars, sibyllins et complexes.
Une partie des doctorants las de développements purement théoriques se tournent de plus en plus vers les praticiens en réalisant des enquêtes de terrain ou stages pour se nourrir d’expériences diverses. De même, des entreprises et services publics font régulièrement appel à des doctorants qu’ils financent afin de réaliser des thèses proches de leur domaine de compétence. Cela se fait souvent grâce à des conventions type « Cifre [1] ».
Les mondes universitaire et policier n’ont aucune raison de s’ignorer. La Police comme l’Université ne peuvent que tirer bénéfice de leur association.
Une thèse sur « la frontière en droit pénal » est reliée aux mécanismes de coopération internationale existant entre les différents États, à la criminalité internationale, à l’application territoriale de la loi pénale et à la cybercriminalité. Ces domaines intéressent de façon croissante le métier de policier tant sur le terrain qu’en amont dans la mise en place de la coopération et des pratiques qui en découlent.
Toute la promotion d’élèves-lieutenants est très compréhensive sur ce sujet. Lorsque nous nous croisons, en salle informatique, passée une certaine heure, il y a toujours un geste affectueux. Tant les formateurs que l’équipe de direction sont très ouverts sur le travail que je réalise actuellement. J’ai même pu m’absenter deux jours de l’école afin de participer à un séminaire interdoctoral.
Quant aux collègues de l’Université, ceux-ci sont très fiers et répondent toujours présents.
Outre la sécurité publique, le domaine judiciaire m’a toujours motivé. D’autres directions m’intéressent telles que le renseignement, la coopération internationale voire la formation.
L’Université mais aussi la police sont des mondes passionnants et au service de l’intérêt général. Cette mission commune m’importe beaucoup au regard de la multiplication des individualismes.
Enfin, après avoir acquis une expérience certaine en tant qu’officier de police, je pense m’orienter vers la préparation du concours de commissaire de police.
Tout a commencé à un carrefour et « dès lors, poursuivons l’enquête dans les mêmes formes de droit » à la croisée des chemins avec une thèse sur la frontière..."

Clément Binard,
Elève-Lieutenant, 19ème promotion, Ecole Nationale Supérieure de la Police (ENSP), Cannes-Ecluse.
Doctorant en droit à l’Université Paris Ouest-Nanterre La Défense.
Membre du Centre de Droit Pénal et de Criminologie de l’Université.

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