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« L’alternance entre théorie et cas pratiques est l’atout maître de la formation à l’ENSP ».

© ENSP

Ils sont six détachés (cadres A+ de la fonction publique) à avoir intégré en septembre le nouveau dispositif de formation initiale qui leur est dédié à l’ENSP. Aux côtés de la 74e promotion, ils ont quelques mois pour apprendre le métier de commissaires avant leur prise de poste au mois d’avril. Olivier et Éric font partie des heureux élus de ce dispositif. De leurs parcours, à leur vision du métier en passant par les « coach-missaires », ils nous racontent tout !

Olivier MICHEL  a 48 ans. Diplômé d’un Master II de droit pénal et sciences, il effectue son service militaire à Pau dans le 5e  régiment d’hélicoptères de combat, avant de s’engager à l’école militaire de Saint-Cyr.  Il sert ensuite en qualité d’officier de l’armée de terre pendant 7 ans, deux années à Pau et 5 ans en Allemagne. En 2007, il demande un premier détachement dans le corps des directeurs de service pénitentiaires au ministère de la justice. « J’ai été affecté en premier poste en qualité de directeur de la maison d’arrêt de Liancourt dans l’Oise »,  raconte-t-il. S’ensuit une série de mutations, de Nouméa (Nouvelle-Calédonie) à Toulon en passant par les Baumettes à Marseille. « J’aime parcourir le monde, j’ai eu la chance avec mon épouse et mes enfants de fouler les 5 continents, de visiter plus d’une trentaine de pays dans le monde. On aime voyager, découvrir, parler d’autres langues, gouter d’autres cuisines, dormir dans d’autres habitations… C’est ce qui nous anime », nous confie Olivier.

 

De son côté, Eric PIERRAT  commence sa carrière dans la fonction publique en 1992. Après 6 années de service, il décide de passer le concours de l’ENA en interne. Il en sort en 2001 dans le corps préfectoral. « J’ai un début de parcours assez classique de sous-préfet avec un poste de directeur de cabinet à Nancy et un poste de sous-préfet à Thiers dans le Puy-de-dôme. Après j’ai commencé à diverger un peu et à prendre des postes beaucoup moins traditionnels »  s’amuset-il. Après une mobilité à l’étranger en tant qu’adjoint au chef de la mission économique de l’Ambassade de France à New Dehli, il devient adjoint au sous-directeur des finances locales à la DGCL. Après la crise des subprimes en 2009, le président Nicolas SARKOZY décide de mettre en place des commissaires à la réindustrialisation dans les 10 régions les plus impactées par la crise. Eric est alors affecté en Lorraine pendant presque 4 ans. « J’étais déjà commissaire, c’était un signe peut-être ! »  (rires). Il termine sa carrière préfectorale en décembre 2021 en tant que SGAR (secrétaire général pour les affaires régionales), en Bourgogne-Franche-Comté.

 

Deux profils atypiques !  Globe-trotteurs et en quête permanente de sens dans leurs missions, ils se décident tous les deux à franchir le cap de la formation de détachés.

 

 

Comment et pourquoi intervient cette bifurcation vers les corps des commissaires de police ?

Eric PIERRAT :  « Mon dernier poste était fonctionnel donc lorsqu’il se termine le 31 décembre 2021, je me suis demandé ce que je pouvais faire. Je pensais avoir fait le tour du métier de sous-préfet et de ce que ça représentait. Je voulais me rendre utile, avoir des fonctions concrètes et intéressantes. Être commissaire me permettait de rendre un peu ce que la fonction publique m’avait donné… et puis de redonner un peu de sens à mon métier. Voilà pourquoi je suis là aujourd’hui ».

 

Olivier MICHEL :  « Moi quand je m’inscris à la fac de droit c’est pour être policier. C’est une vocation. J’ai d’ailleurs passé le concours d’inspecteur de police en 1993 alors que j’avais 18 ans. Je pense qu’à ce moment-là j’étais trop jeune, je n’ai donc pas été retenu. J’ai continué mon cursus universitaire et ensuite la vie a fait que je n’ai pas forcément suivi le chemin de ma vocation, mais aujourd’hui à 48 ans j’ai l’impression d’être là où j’ai toujours voulu être. Je voulais être utile, protéger, servir et avoir un métier où la routine n’existe pas ! Donc quand est arrivé le moment où je n’avais plus la flamme, ce détachement a été une évidence ».

 

Qu’attendiez-vous de cette formation ?

Eric PIERRAT :  « On vient chercher comment faire pour devenir policier en général et en particulier commissaire ».

Olivier MICHEL :  « Moi ce que je suis venu chercher c’est du sens pratique sur le métier, très clairement. On a une vision parfois romancée, en tout cas approximative, du commissaire de police. Même si on a compris que c’était un métier de commandement et de management. Avant d’être un grand technicien du tir ou de l’investigation, on est d’abord et avant tout des chefs de service. On vient donc chercher la technicité de ce métier-là. Et puis nous avons déjà un bagage, un vécu et une expérience. Donc on ne vient pas s’éprouver sur ce que l’on pense maitriser. Très clairement quand on sera en fonction on ne sera pas derrière tous les OPJ ou tous les gardiens de la paix, par contre on va devoir rendre des comptes sur leurs actions, les expliquer ou les sanctionner lorsqu’elles sont déviantes. Donc j’étais très en demande de cette confrontation entre la théorie et la pratique ».

 

L’enseignement est-il adapté à vos attentes ?

Eric PIERRAT  : « Oui ! les cours sont véritablement concrets et intéressants. L’alternance des cours théoriques et des cas pratiques est, à mon sens, particulièrement formatrice, c’est l’atout maître de la formation à l’ENSP ».

Olivier MICHEL :  « Oui, et puis on a en plus l’avantage de basculer ensuite directement en stage pour nous confronter à la réalité du terrain. L’alchimie de cette formation repose sur un trépied, une suite logique : théorie, cas pratiques, terrain. Nous avons déjà passé deux jours en immersion avec les services de la BAC de Lyon. Cela a été extrêmement enrichissant et révélateur de l’écart que l’on peut mesurer parfois entre la théorie et le terrain. C’est très bien c’est d’avoir le retour des hommes et des femmes qui sont tous les jours au contact de la délinquance pour comprendre. En tout cas, J’arrive avec beaucoup d’humilité sur la fonction parce que j’ai bien conscience que quand on prendra notre premier poste on sera « légers » sur la partie police pure ».

En quoi vos parcours ultérieurs respectifs sont des atouts dans votre scolarité et vos futures fonctions ?

 

Olivier MICHEL :  « La richesse que peuvent avoir les détachés réside dans leur capacité à ne pas se laisser déborder et à s’adapter vite. On se sent déjà aguerris à certaines choses. J’ai eu jusqu’à 250 personnes sous mes ordres, j’ai eu à gérer des situations extrêmement dégradées et j’ai été confronté à des évènements violents. Je pense que nous avons une certaine connaissance des Hommes, et la capacité de déceler chez nos collaborateurs là où ils seront performants et là où ils auront besoin d’être accompagnés. Cela fait partie de notre bagage. Est-ce que ça fera de nous de bons commissaires ? Je ne m’aventure pas sur la réponse ! Parce que la première chose qu’on va regarder en arrivant en poste ce n’est pas notre parcours. C’est si nous sommes légitimes ou pas ».

 

De quel poste rêvez-vous pour votre prise de fonction au mois d’avril ?

Olivier MICHEL :  « Je ne peux pas vraiment dire que je « rêve ». Tous les pans du métier sont intéressants, mais j’ai une réelle appétence pour l’investigation et une très forte appétence pour l’étranger donc je ne ferme aucune porte ».

Eric PIERRAT : « Ce qui est intéressant dans la police c’est que l’on peut faire de nombreux métiers. Être dans la sécurité publique, ce à quoi nous sommes destinés à priori à la sortie de l’école, mais effectivement on peut aussi avoir des postes en PJ, au renseignement, à l’étranger… c’est une palette très attractive » !

Quel conseil donneriez-vous à un futur candidat au dispositif ?

Eric PIERRAT :  « S’il veut se rendre utile qu’il n’hésite pas. Qu’il vienne. La formation est à la hauteur de ce qu’on peut en espérer et je pense qu’il sera armé pour être un bon commissaire dans le futur » !

Olivier MICHEL :  « Moi je lui dirais plusieurs choses :  d’abord de s’écouter si, il ou elle, est tenté(e). Et puis venant de plusieurs ministères différents je souligne la qualité remarquable de l’accueil des détachés, la bienveillance avec laquelle nous sommes accompagnés. On sent que cette institution, au-delà du fait qu’elle veuille valoriser ce type de profil pour étoffer le corps des commissaires, a une vraie volonté de nous donner satisfaction pour que l’on puisse commencer dans les meilleures conditions. On se sent en confiance. Moi qui suis un éternel inquiet ça me rassure, je n’ai pas l’impression que je vais démarrer tout seul.  Nous avons même des tuteurs, qui, toutes les semaines, prennent attache avec nous pour savoir ce que l’on trouve intéressant, ou ce sur

quoi on pourrait être en demande… »

Eric PIERRAT :  « C’est vrai que l’introduction des « coach-missaires », des réservistes désignés pour nous accompagner dans notre scolarité, est un très bon système. Ces anciens connaissent bien les mécanismes de la police et l’école pour y être déjà passé. Ils sont de bons conseils et on échange régulièrement avec eux. C’est toujours bon de poser des questions. C’est rassurant pour nous et ça peut être une bonne indication pour l’administration, puisqu’elle peut bénéficier à travers eux de nos retours sur la formation ».

 

Comment êtes-vous intégrés à la promotion des élèves commissaires ?

Eric PIERRAT :  « Cela se passe bien, le seul petit détail regrettable c’est que nous n’avons pas été intégré en même temps qu’eux. On est arrivés une semaine après la 74e  promotion ce qui leur a laissé le temps de faire connaissance, on est un peu arrivés comme un cheveu sur la soupe » !

Olivier MICHEL :  « On est très bien intégrés parce qu’on est entourés de gens intelligents et curieux de nos profils atypiques. Notre positionnement est même plutôt marrant. On a un côté « père de famille » qui les amusent beaucoup. On est quand même dans un amphithéâtre où la majorité des filles et des garçons pourraient être nos enfants. En même temps, ils se rendent compte qu’à 48 ans on est aussi capables de plaisanter et de s’amuser des mêmes choses. Le plus difficile c’est de suivre la scolarité de deux promotions différentes, ce qui nous empêche peut-être d’avoir le sentiment d’appartenance à une promo. J’ai personnellement plutôt l’impression de marcher à côté d’eux ».

 

Comment faire une bonne scolarité en tant que détaché ?

 

Olivier MICHEL :  « Avec de la curiosité ! Je disais il y a quelques jours que là où j’apprenais le plus de choses c’était en faisant du co-voiturage chaque vendredi soir avec des camarades de promo issus de la VAP » !

Eric PIERRAT : « Ce qui corrobore le fait que les périodes de stages sont particulièrement formatrices »

Olivier MICHEL :  « Nous ne serons jamais que des médecins généralistes… On doit être capables de toucher un peu à tout et de pouvoir parler avec des techniciens. Mais pour comprendre ce qu’ils nous disent il faut quand même que l’on s’y intéresse. C’est pour cette raison que je parle de curiosité. Même si on a une appétence pour l’ordre public on doit savoir comment fonctionne un service judiciaire. Comme le judiciaire doit savoir comment fonctionne un service de renseignement. Il faut se montrer curieux de tout le panel de la fonction et du métier de commissaire pour pouvoir être un excellent généraliste » !

 

Un dernier mot ?

Olivier MICHEL :  « Nous sommes tous contents d’avoir été retenus. Dans notre groupe de 6 détachés personne ne regrette son choix. Donc c’est plutôt bon signe je trouve » !

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