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« Quand j’ai mis l’uniforme j’ai compris que j’étais à ma place »

© ENSP

Major de la 71e promotion des commissaires de police « Simone WEIL », Clara DUPONT a du caractère. Du haut de ses 25 ans, la jeune commissaire recevra son épée des mains du ministre de l’Intérieur, Gérald DARMANIN, lors de la traditionnelle cérémonie de sortie le 24 juin. Elle prendra ensuite ses fonctions à Antony (92), en tant que commissaire centrale adjointe. Nous sommes allés à sa rencontre pour en savoir un peu plus sur la jeune femme, très vite remarquée pour son implication…

Clara, pouvez-vous nous dire quel a été votre parcours avant d’arriver à l’ENSP ?

J’ai grandi à Rennes, en Bretagne. J’y ai fait une faculté de droit dans le but de passer les concours de police, pendant 4 ans, jusqu’à mon Master 1. Je suis ensuite entrée en Master 2 « droit et stratégie de la sécurité à l’Université Paris II Panthéon-Assas. Il se déroulait à l’EOGN et il m’a donné l’occasion de faire un stage au ministère des Armées, dans un service de renseignement. Ensuite, j’ai fait une « prépa » pour préparer les concours et j’ai eu la chance d’intégrer tout de suite les rangs de l’ENSP au sein de la 71e  promotion des commissaires de police.

La police est une vocation ? Avez-vous rêvé d’autres métiers ?

Oui, la police est une vocation pour moi depuis très jeune. Je voulais un métier d’engagement, au service de la France. J’ai toujours eu beaucoup de caractère et une forte envie d’action, avec ce sens profond de servir mon pays. Quand on est une petite fille on ne nous pousse pas forcément vers ces voies-là donc au collège c’est devenu un peu plus lointain… Arrivée au lycée, quand il a fallu choisir son orientation je suis très vite revenue vers ça. J’ai immédiatement regardé comment faire pour intégrer la police et j’ai choisi de faire des études de droit. Je pensais m’arrêter au Bac+3 mais j’ai aimé mes études et j’ai poursuivi jusqu’au Master II.

Arrivée à l’ENSP, quelle a été votre première impression ?

Je me suis dit - ça y est - ! Je me rappelle avoir vu la place d’armes avec tous les drapeaux des collègues CPE, je me suis dit - je suis lancée -. Je me rappelle aussi la première fois où nous avons mis notre uniforme, ça m’a fait quelque chose. Beaucoup d’émotions et de fierté.

Comment décririez-vous votre scolarité ?

C’est difficile. C’est un mélange d’émotions parce qu’on rencontre des personnes extraordinaires. On forge des amitiés, on crée des liens, on apprend la culture police en parlant avec les collègues internes et les vapistes. Et en même temps, nous avons subi la crise du Covid avec beaucoup d’incertitudes et de frustrations sur cette période-là. Par ailleurs, c’est une scolarité très séquencée et du coup très fatigante physiquement et moralement. Mais c’est très enrichissant. Deux ans c’est long, mais avec le recul on se dit que c’est passé finalement très vite.

Que va-t-il vous rester de cette formation ?

Je vais en garder des amis car nous avons vécu beaucoup de choses intenses. Et puis ce sont mes premiers moments dans la police, donc ça restera avant tout des bons souvenir.

Un souvenir particulier de vos stages ?

La première sortie police de toute ma vie ! J’étais en stage dans le 5e  arrondissement de Paris. Je venais d’arriver, le commissaire me faisait faire le tour du service quand nous avons croisé un OPJ qui nous dit : "Patron on a un Delta ! Une personne décédée". Je me souviendrai donc toujours de ces premiers pas dans la police, tout de suite plongée dans le bain. C’est forcément marquant

Vous étiez suffisamment bien préparée ?

Pas franchement. C’est dur de préparer quelqu’un à la découverte d’un cadavre. On avait seulement un mois et demi d’école au moment de notre premier stage, nous avions seulement eu le temps de nous former à certaines techniques opérationnelles. On nous avait prévenus qu’on verrait des choses difficiles. On s’y attend quelque part, mais on ne réalise qu’une fois qu’on y est confronté.

Vous terminez major de promo. C’était votre but ?

Non !  J’ai vécu ma scolarité de manière fluide, pour moi c’était inconcevable de finir major de promo ! (rires). Mon souhait était de terminer la mieux classée possible, car je voulais me donner la possibilité de choisir un poste, mais je n’imaginais pas du tout finir major. Je me suis investie, j’ai toujours été consciencieuse et rigoureuse dans mes études, mais je n’ai pas non plus été un bourreau de travail. J’ai pris le temps de tisser des liens et j’ai été beaucoup soutenue par les collègues internes et vapistes. Ils m’ont énormément apport.

C’est comment d’être une femme, externe, dans la promotion ?

Je n’ai jamais été confrontée au sexisme. D’autant que quand on regarde la promotion, les femmes ont toutes un caractère très marqué, une personnalité forte ! Je n’ai trouvé aucun frein au fait d’être une femme. Pour ce qui concerne le côté « externe », c’est surtout un manque d’expérience. Nous n’avons pas les mêmes réflexes, ni la même façon de penser… Les internes ont une anticipation certaine sur beaucoup de sujets « police ». C’est une chance de pouvoir apprendre d’eux. Ils m’ont donné beaucoup de conseils, jusqu’à mon choix de post.

Que représente la cérémonie de sortie pour vous ?

Ça représente beaucoup ! Étant majore, ça a, en plus, une saveur particulière. Mes parents seront présents et c’est une grande fierté. Je vais certainement être très émue. C’est un moment très fort pour moi comme pour ma famille. C’est sans doute là aussi que nous allons prendre conscience des responsabilités qui arrivent. 

Aimez-vous porter la tenue ?

J’aime beaucoup, ça a beaucoup de sens. On représente l’institution, la République, le pays. Nous avons beaucoup de responsabilités et la fierté qui va avec.

Pourquoi avoir choisi ce premier poste de commissaire central adjoint à Antony ?

J’ai fait mes stages à la préfecture de Police, j’avais envie d’y retourner car c’est une maison que j’apprécie et que j’y ai déjà quelques repères. C’est peut-être aussi une façon de me rassurer… Je voulais un poste en petite couronne pour pouvoir être un peu plus libre qu’en étant à Paris. Enfin, un poste d’adjoint parce que je veux continuer à être formée. Je vais prendre toutes mes responsabilités, être cheffe, mais en tant qu’externe je pense que j’ai encore des choses à apprendre. Avoir quelqu’un au-dessus avec de l’expérience et de la bienveillance pour pouvoir me guider sur mes incertitudes est un plus.

Qu’avez-vous cherché pendant votre stage cousin ?

J’ y allais avec beaucoup d’attentes. J’avais besoin d’être intégrée au quotidien du commissaire, à ses missions, à ses doutes et ses réflexions… et ça a été le cas ! Donc ça a été très formateur. En sécurité publique tout est dicté par l’actualité, ce sont des objectifs nouveaux tous les jours et il faut penser l’organisation du service en permanence. Je souhaitais vraiment être intégrée à toutes ces réflexions. Sans oublier l’humain, car le commissaire est avant tout un meneur d’hommes, et ça, je l’ai bien ressenti à Boulogne.

Quelles sont vos principales qualités de chef ?

Je sais que j’ai encore à apprendre, je dois apprendre et je vais apprendre de tous mes collègues. Je suis très ouverte à ce qu’on m’explique les choses. Encore une fois, j’arrive avec de la mesure et je pense que c’est une qualité. Je suis également rigoureuse dans mon travail et plutôt productive. Enfin, j’aime les relations humaines. On fait ce métier surtout pour ça. Être policier et commissaire c’est avant tout gérer de l’humain, gérer des collègues… donc ma porte est ouverte à la discussion.

Vos défauts ?

Peut-être un peu impatiente… Je suis très active et j’ai un fort caractère. On m’a déjà dit que je n’étais pas toujours délicate (rires) ! Je vais travailler là-dessus.

Avez-vous gardé un conseil particulier de vos chargés de formation pendant cette scolarité ?

C’est un conseil assez général. Comme je le disais tout à l’heure, on nous a répété plusieurs fois que nous n’étions pas des chefs d’entreprise. Nous avons la responsabilité d’hommes et de femmes. C’est très important à mon sens

Quelle formation vous a le plus marqué à l’école ?

Le stage MO/VU est particulièrement marquant ! C’était un beau travail de l’équipe pédagogique et une forte émulation collective avec les officiers. Sinon, à titre très personnel, je dois avouer que j’ai eu une grosse frustration sur le défilé du 14 juillet. J’en ai toujours rêvé. J’ai été sélectionnée mais la crise du Covid a eu raison de ma participation… C’était une énorme déception. Les entraînements au défilé restent néanmoins un souvenir très fort aussi. Quand on se lève à 6 h du matin avec la promotion et qu’on va marcher sur une piste d’atterrissage sous la pluie, avec les formateurs CRS qui nous éliminent un par un… C’est beaucoup de stress mais de très bons moments.

L’ENSP en un mot ?

Marquant

Un commissaire en un mot ?

Un policier. On l’oublie trop souvent.

Votre cérémonie de sortie ?

Fierté

Plutôt tenue SG ou tenue d’honneur ?

« Ce n’est pas le même ressenti… La tenue d’honneur c’est l’institution, le poids des responsabilités, c’est représenter la République. La tenue SG c’est notre tenue de travail, celle avec laquelle on sort. J’ai un penchant pour la SG quand même.

Un dernier mot ?

J’ai envie de dire aux futurs candidats, que même quand on ne vient pas de ce milieu il suffit d’avoir la motivation et de savoir pourquoi on veut faire ce métier.  Il faut être conscient des futures responsabilités et ça marchera. Il faut travailler, ne pas hésiter. Je ne regrette pas du tout d’avoir mis ma vie entre parenthèses pendant la préparation des concours. Quand j’ai mis l’uniforme j’ai compris que j’étais à ma place

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