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Vidéo : les secrets de la collection criminalistique # 4 : La bande à Bonnot

© ENSP

Fermé au public la plupart du temps, le « musée » de l’ENSP regorge de pépites historiques, d’objets marqueurs du temps et de l’évolution de la société française.
Dans ce quatrième épisode des « secrets de la collection criminalistique », nous plongeons au cœur de l’affaire des premiers bandits en automobiles : la bande à Bonnot !

Edmond LOCARD a participé au démantèlement de l’équipe qui inventa selon lui "le vol à fusillade". Le créateur du premier laboratoire de police scientifique a pu ainsi assister à plusieurs perquisitions. Aujourd’hui il nous reste quelques traces de cette histoire, regardez plutôt !

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1876 :  Jules Joseph Bonnot naît à Pont-de-Roide (Doubs). Il est considéré comme le meneur de la « bande à Bonnot », un groupe de bandits ayant sévi entre 1911 et 1912, dont les braquages et les meurtres étaient la spécialité.
Sa jeunesse fut difficile et il abandonne vite l’école. Insolent et bagarreur, il se révèle rétif à l'autorité dès son plus jeune âge.

1893 :  Plusieurs lois sur l'anarchisme sont votées en France. Nous sommes sous la troisième république et les esprits sont encore marqués par les insurrections communalistes de 1870-1871, leurs répressions, et par plusieurs attentats attribués au mouvement anarchiste. Ces nouvelles lois limitent fortement la liberté de la presse et d’expression et sont donc baptisées « lois scélérates ».  Elles conduisent à de nombreuses arrestations, à la dissolution des organisations libertaires, à la fermeture de journaux anarchistes, et à l'interdiction pour la presse en général de diffuser de la « propagande anarchiste ».

1897 :  À 21 ans, Jules Bonnot rejoint le 133e  d'infanterie à Belley. Il termine sa carrière de soldat muni d'un certificat de bonne conduite et d'un brevet de tireur d'élite. Il est alors ajusteur mécanicien.

1901 :  Il se marie à Vouvray avec Sophie Burdet, une jeune couturière, et s’installe à Lyon. Il occupe plusieurs places, puis tente de s’établir à Genève, où il se fait vite expulser. Il revient donc à Lyon où il travaille pour différents employeurs, dont l’entreprise Berliet. C’est là sans doute qu’il fréquente les cercles anarchistes. Son mariage, lui, bat de l’aile. Sa femme, restée à Genève avec son enfant, ne veut plus le revoir. Il lui écrira à plusieurs reprises en vain. Bonnot bascule alors définitivement dans le banditisme.

1906 :  Jules Bonnot s'exerce à l'ouverture des coffres-forts, ses deux ateliers de mécaniques à Lyon lui servant de « couverture». La nuit, il se transforme en truand avec son bras droit : un boulanger italien nommé Platano. Pour ses méfaits, il utilise l’automobile (une De Dion-Bouton) comme technique criminelle. Une innovation, alors que les policiers et gendarmes se déplacent encore à cheval ou à vélo !

1911 :  Recherché par la police lyonnaise, Bonnot fuit et s’installe à Paris. Il rencontre au siège du journal L'Anarchie plusieurs sympathisants qui vont devenir ses complices. Bien que l’idée de chef répugne aux anarchistes, Bonnot, plus âgé, plus expérimenté dans le crime, va virtuellement jouer ce rôle : la bande à Bonnot est née.  Leur premier coup ? Le braquage de la Société Générale, rue Ordener à Paris. Utilisant ses connaissances pointues en mécanique, Bonnot a choisi une limousine Delaunay-Belleville verte et noire de 12 CV, modèle 1910, marque de luxe qu’il sait fiable et rapide.

C’est la première fois qu’une voiture est utilisée pour commettre un braquage. La police est démunie devant la rapidité du méfait ! Dès le lendemain l’événement fait la une des journaux qui surnomment les braqueurs « la bande en automobiles ».

C’est le point de départ d’une fuite en avant, désespérée et suicidaire, ponctuée de crimes sordides et de hold-up sanglants. Leurs photos s'étalent dans les médias. Les têtes sont mises à prix. La police, quant à elle, doit récupérer son retard. Le vélo ne suffit pas, les herses ou clous pour percer les pneus non plus ! Elle se dote alors en véhicules en plus grand nombre.

1912  : Son épopée sanglante s’achève en avril 1912. Retranché dans un pavillon, il tiendra siège plusieurs heures face à 500 policiers armés tandis que 30 000 personnes assistent au spectacle. Finalement la police dynamite le repaire. Bonnot, agonisant, mais toujours déterminé, insulte une dernière fois les policiers avant d’être tué par six balles.
La bande aura donc sévi moins d’un an, entre décembre 1911 et mai 1912. Ce n’est pas à la durée de son activité qu’elle doit sa postérité, mais plutôt à la fulgurance des actes commis et leur dimension politique. Un siècle plus tard, l’expression de « bande à Bonnot » conserve une forte puissance évocatrice. Pourtant, qui veut connaître de nos jours l’histoire et la perception de « la bande » en son temps doit se dégager de l’imaginaire romanesque dont elle a été peu à peu recouverte.

Edmond Locard, lorsqu’il évoque Jules Bonnot, raconte qu’il n’était pas anarchiste mais aimait le faire croire car il comptait ainsi être envoyé au bagne et éviter la guillotine. "C'était un voleur et un assassin".

Pour aller plus loin :

La bande à Bonnot, de l’histoire au mythe - Criminocorpus

La bande à Bonnot : Gangsters ou anarchistes ? - INA

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