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« Cette formation m’a donné une plus grande ouverture d’esprit »

© ENSP

À la veille de la traditionnelle cérémonie de sortie, nous sommes allés à la rencontre d’Hanitriniaina RAMILIARISOA, la major de promo des cadres de police étrangers de la promotion sortante. L’occasion de revenir sur son parcours riche en enseignements et en rencontres. Fière de son statut de major, la jeune malgache à l’indécrottable sourire nous livre ses ressentis et raconte ce qu’il lui restera de bons souvenirs une fois rentrée dans son pays.

Avant toute chose, pouvez-vous vous présenter ? Quel a été votre parcours avant d'arriver à l'ENSP ?

« Après avoir suivi deux années de scolarité à l’ENSP de Madagascar, j’ai été nommée commissaire de police en mai 2017. J’ai occupé successivement le poste de chef de cabinet adjoint puis de chef de cabinet à la direction des ressources humaines pour ensuite être mutée au poste de chef de service central de la gestion de carrière et des avancements au sein de la même direction en 2019. Avant cela, j’ai été journaliste. Coté cursus académique, j’ai un master en droit privé, diplôme avec lequel j’ai participé au concours de recrutement d’élèves commissaires de police à Madagascar. Je suis également la vice-présidente du bureau national de l’association des policières et des épouses des policiers (FIVAPOVA) à Madagascar ».

 

Vous sortez major de la promotion des CPE cette année, quel est votre sentiment ?

« Pour tout vous dire, je ne m’attendais vraiment pas du tout à obtenir ce titre. Je n’y croyais pas lorsqu’on me l’avait annoncé. Mais ce que je peux dire, c’est que c’est un immense honneur, une grande fierté que j’attacherai plus à mon pays et à ma police qu’à moi-même ».

 

Quel regard portez-vous sur cette année de formation à l'ENSP ?

« C’est une

formation très intéressante et constructive que ce soit sur le plan personnel ou professionnel. On a des enseignants qui sont vraiment à la hauteur des missions qui leur sont confiées. Ils sont passionnés par leur métier, dévoués, parfaitement à la place qu’il faut.

La parfaite adéquation des modules par rapport aux besoins, aux réalités sur le terrain et la réactivité face à l’évolution de l’insécurité en termes de formation m’ont tout aussi impressionné. C’était par ailleurs une scolarité très riche en partage au regard des expériences et horizons diverses qui ont été mis à profit pour enrichir notre parcours.

On avait vu ce côté professionnel et très procédural du métier mais cette formation m’a surtout aussi fait comprendre l’importance du relationnel, de l’aspect humain de notre métier, du regard humain qu’on doit poser sur chacun de nos actes surtout vis-à-vis de nos collaborateurs ». 

 

Que retiendrez-vous particulièrement ?

« Cette formation m’a donné une plus grande ouverture d’esprit grâce à la découverte de la manière dont les autres font leur police. Grâce aux expériences françaises et africaines en termes de lutte contre l’insécurité que j’ai eu le privilège de découvrir durant cette scolarité, toutes les informations que j’ai amassées ici me permettront d’avoir plus de recul dans tout ce que j’entreprendrai une fois que je reprendrai mon service au pays.

Côté relationnel, je retiendrai aussi l’affinité, l’amitié que l’on a tissées avec nos collègues français tout au long de cette scolarité. Savez-vous qu’on a acquis un nouveau titre. Nous ne sommes plus seulement des cadres de police étrangers. Nous sommes devenus des « amis » de police étrangers aux yeux de nos collègues. C’est justement cette amitié, ce soutien qui nous a encouragé, motivé et qui nous a en grande partie permis de tenir bon et d’aller jusqu’au bout de cette scolarité. Car il faut bien avouer que ce n’est pas facile d’être loin de tous ceux à qui et à quoi on tient pendant aussi longtemps. On les gardera dans nos cœurs ».

 

Quelles sont les choses apprises que vous pensez pouvoir transposer une fois rentrée à Madagascar ?

« Je citerai particulièrement la gestion rationnelle des ressources humaines. Chacun, homme ou femme, a des atouts et des compétences qu’on peut valoriser dans tous les aspects de la lutte contre la délinquance. Dans un pays comme le nôtre où les effectifs manquent, ces atouts et compétences sans exception ni discrimination sont à valoriser et à développer impérativement.

Je citerai aussi le domaine de la formation qui est le passage obligé pour acquérir ces compétences. Etant donné qu’on est en pleine phase de réforme de la formation chez nous, je pense pouvoir y imbriquer quelques idées à mon retour : une formation inclusive, l’adaptabilité des modules, l’anticipation, la proactivité, l’importance des pratiques, etc.

J’ai aussi appris beaucoup de choses dans d’autres domaines plus opérationnels que je ne saurais citer ici mais que je n’hésiterai pas à partager à mes collègues une fois que je serai au pays ».

 

Quelles différences avez-vous constaté entre les pratiques policières françaises et malgaches ?

« Je pense que la principale différence se situe plutôt sur la capacité à offrir une meilleure prestation en terme de lutte contre la délinquance. Je trouve que la police française dispose de plus de moyens matériels. J’ai remarqué aussi que la police française mise beaucoup sur les renforcements de capacité de ses personnels pour être à jour face aux nouvelles pratiques et pour faire face à la délinquance qui évolue, en vue justement d’améliorer ses prestations. J’ai à titre d’exemple eu l’occasion de découvrir les centres de formation au niveau zonal et départemental pendant mon stage à Strasbourg.

La police malgache, tel que je l’ai mentionné plus haut, est en pleine réforme de la formation en vue de justement améliorer ses prestations. Plusieurs acteurs interviennent en ce sens, dont des formateurs en provenance de pays étrangers. Je profite de cette occasion pour exprimer mon souhait pour la pérennisation de la coopération bilatérale qui m’a permis de poursuivre cette formation en France. Ce genre de coopération est, j’estime, importante dans la mesure où il s’agira ensuite de partager les bonnes pratiques, d’insuffler de nouvelles visions aux collègues en vue d’accomplir au mieux notre mission qui est de « protéger » et de « servir » nos concitoyens ».

 

Quel poste allez-vous occuper à votre retour ?

« Cela dépendra de ma hiérarchie ».

 

Vous avez passé quasiment une année complète avec des CPE venus d'autres pays, comment cela s'est-il passé ?

« J’ai rencontré des collègues mais j’ai surtout eu de nouveaux amis qui me tiennent vraiment à cœur. C’est une véritable chance pour moi d’avoir découvert l’Afrique et ses richesses… en France sans voyager en Afrique. Les présentations pays-police sont toujours un moment de partage et de plaisir pour nous. C’est un autre moyen de voyager. Et cela nous rappelle la beauté de notre continent, la richesse de ses cultures, notre identité.  La période de confinement nous a aussi beaucoup marqué. (lire nos articles précédents) Certes, c’était une période assez particulière et dure pour chacun d’entre nous mais c’était aussi une période qui nous a permis de mieux nous connaitre et de resserrer davantage nos liens. Cela nous aura aussi permis de découvrir les talents culinaires des uns et des autres. Des choses que je n’aurais peut-être pas eu l’occasion de goûter en temps normal. Ce confinement a également renforcé notre capacité à nous soutenir mutuellement. Nous avons des tempéraments et des personnalités vraiment différentes mais malgré les petites mésententes, on a toujours su trouver un terrain d’entente en mettant en avant notre fraternité et notre solidarité ».  

 

Si vous deviez nous raconter votre meilleur souvenir de cette année quel serait-il ?

« C’était le jour où j’ai fait du ski à la station de la Feclaz. La première fois que je faisais du ski ! Ce fut une expérience épouvantable, j’ai trébuché à tout bout de champ, j’ai eu mal partout le lendemain. On a cependant partagé un bon moment de rigolade et de fraternité avec nos collègues et le personnel de la DFFPI envers qui nous exprimons un attachement particulier. C’est un moment que je n’oublierai jamais ».

 

Un dernier mot ?

« J’aimerais adresser mes sincères remerciements à tout ceux qui ont permis la réalisation de cette coopération. Cela démontre une fois de plus l’importance du partage, la nécessité du soutien mutuel entre pays dans le cadre de cette lutte contre l’insécurité qui est notre mission de tous les jours. Je remercie également tous les personnels de l’ENSP, non seulement pour l’enseignement qui nous a été dispensé mais également pour leur accueil, leur bienveillance, leur amitié qui ont fait de ces dix mois un séjour vraiment inoubliable. Merci aussi à nos amis élèves commissaires français qui nous ont soutenus et qui n’ont cessé de nous encourager. Et enfin, bon courage à ceux qui vont nous succéder. Sachez profiter de cette très belle opportunité ».

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