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Le distanciel, ou comment poursuivre les formations en période de confinement !

© ENSP

Alors que la France est confinée depuis plusieurs semaines, l'ENSP poursuit sa mission d'enseignement en se conformant aux mesures imposées pour enrayer l'épidémie liée au COVID 19. Si les cadres de police étrangers (CPE), contraints de rester sur place, poursuivent leur formation dans l'enceinte de l'établissement, les élèves commissaires ont quant à eux quitté le site. Déjà mis en place depuis plus de 5 ans, le distanciel s'est donc généralisé à l'ensemble des promotions.

« Grâce à l'équipe e-formation qui nous a remarquablement assisté, l'ensemble de l'équipe pédagogique s'est mise en ordre de marche pour que les élèves de la 71e  promotion puissent bénéficier d'un enseignement à distance : conception de modules, élaboration de quiz...etc. C'est valable pour l'ensemble des matières à l'exception des TSI (techniques de sécurité et d'intervention) », confie Laurence ORSTCHEIDT,  commissaire divisionnaire et cheffe du département des formations professionnelles des commissaires de police.

Mais concrètement comment cela fonctionne-t-il ? Comment se sont organisés les chargés de formations et quelles sont leurs difficultés éventuelles ? Nous sommes allés à leur rencontre.

Dorothée CELARD,  commissaire de police, est chargée de formation en gestion de l'ordre public.  Une matière que l'on imagine mal être enseignée à distance... et qu’elle a pourtant réussi à structurer de façon à ce que les élèves puissent poursuivre leur formation. Elle nous raconte :

 Comment organisez-vous aujourd'hui la continuité de l'enseignement pour les élèves ?

« La veille de l'annonce du confinement total, l'équipe de formation s'était réunie afin de réfléchir en urgence à la meilleure manière d'enseigner à distance. Il a fallu arrêter nos choix sur les thématiques qui pouvaient être abordées en e-formation et celles qui devaient nécessairement être reportées en raison d'un enseignement pratique ».

À  quelles difficultés êtes-vous confrontés ? 

« La première difficulté est à mon sens de ne pas assommer les élèves mais bien de les accompagner dans cette phase d’enseignement à distance. Il a fallu fixer un cadre, une règle du "jeu" afin de répondre à quelques inquiétudes des élèves : Devons-nous "maîtriser" toutes les informations diffusées en e-formation ? Serons-nous interrogés dessus lors des épreuves du mois de mai ? (...).

Malheureusement, certaines questions ne peuvent trouver de réponse notamment lorsqu'il s'agit de fixer un calendrier des enseignements à distance. Nous savons que les situations des élèves sont diverses, il serait inopportun de fixer un calendrier d'apprentissage strict. Chacun doit trouver un équilibre entre sa situation personnelle et professionnelle. Quant aux chargés de formation, nous devons faire preuve de souplesse et de créativité afin de faciliter aux mieux cet apprentissage ».

Certaines matières sont-elles plus difficiles à enseigner à distance ?

« L’apprentissage des gestes techniques professionnels d’intervention (ex. le tir) apparaît très limité voire impossible à distance. En effet, cette matière doit avant tout être confrontée à de la pratique aux côtés des FTSI, ce qui n'est pas possible pendant cette période. De même, les TIC sont largement enseignés sur la base de logiciel école ce qui réduit là aussi l’enseignement à distance.
S'agissant de ma matière, l'ordre public, j'ai fait le choix de prendre de l'avance sur les prochains mois en diffusant les cours théoriques. Cela nous permettra de gagner du temps sur l'apprentissage pratique ».

Quels moyens techniques avez-vous dû adapter ou développer ?

« Tout d'abord, il ne s'agit pas d'envoyer uniquement des cours écrits pour considérer que l'enseignement est assuré. Pour la gestion de l'ordre public, nous avons opté pour un séquençage de notre enseignement à distance. La première phase a consisté à délivrer les cours écrits en les accompagnant systématiquement de visuels synthétiques afin que les élèves puissent identifier les incontournables de chaque thématique abordée. De même, des lexiques, mémento et autres vademecum  sont venus compléter certaines thématiques techniques.

Depuis le début de cette semaine, nous sommes rentrés dans une seconde phase qui consiste à concevoir et proposer aux élèves des QCM afin de tester leurs connaissances sur les thématiques abordées à distance. Ils peuvent refaire le QCM après en avoir obtenu les réponses afin de progresser davantage sur les connaissances acquises.

 Enfin, une troisième phase, qui débute à peine, consiste en la création d'une FAQ (foire aux questions) pour laquelle nous centralisons les questions des élèves et partageons à tous les réponses de la division.

Selon les besoins et la durée du confinement, il pourrait être envisagée une quatrième phase avec la création de films pédagogiques. L’objectif serait d’aborder plus précisément des points clefs ou sources d’incompréhension chez les élèves notamment pour les points les plus techniques.

L'enjeu est bien de démultiplier les modes d'apprentissage tout en assurant une cohérence et progression pédagogiques ».

Y a -t-il des "bonnes surprises" ou des pratiques finalement intéressantes liées au distanciel que vous appréciez en tant que chargée de formation ?

« Oui, tout d'abord je n'étais pas forcément très partante pour envoyer les cours et les supports visuels aux élèves avant le face à face pédagogique malgré leurs demandes dans ce domaine. Je craignais un peu une baisse d'attention chez certains... Par la force des choses, je suis forcément revenue sur ces réticences et sans doute que nous pourrons davantage nous concentrer sur la mise en pratique des connaissances. L’avenir nous le dira ! J’espère que les élèves auront ainsi le temps de prendre du recul sur les notions théoriques et seront plus à même d’assimiler la phase pratique ».

 Arrivez-vous à garder un lien avec chaque élève ?

« Le lien est proposé notamment avec le forum présent sur la plate-forme d'enseignement moodle mais aussi les mails et enfin le téléphone portable. Malheureusement, rien ne remplacera pleinement un réel face à face pédagogique durant lequel le chargé de formation peut évaluer en direct l'état d'esprit des élèves et leur compréhension du sujet. Cette distance aseptise notre relation aux élèves et nous pousse du coup à réfléchir autrement. Sans échange, ni mimique, ni silence, il nous est difficile de juger de la qualité de l’interaction avec les élèves. C'est pour cela qu'il faut dynamiser et entretenir cet apprentissage à distance tout en veillant, une fois encore, à faire des points d'étapes et veiller à ce qu'on en perde pas en route ». 

Y aura t-il des incidences sur les futurs examens ou le contrôle continu arrive-t-il à être maintenu ?

« Il n'y aura aucune incidence sur les examens du mois de mai puisque les élèves seront évalués sur des apprentissages abordés avant la période de confinement. En revanche, il est certain que selon la situation individuelle de chacun, les révisions en "mode confinement" peuvent être difficiles notamment pour les élèves confinés ayant des enfants ou encore ceux qui pourraient être malades. En tout état de cause, l’équipe pédagogique les accompagne H24 pendant cette période inédite et difficile, nous avons à cœur de les soutenir au mieux ».

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