Le tour du monde des polices – épisode 1

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Chaque semaine, vous aurez l'occasion de faire la connaissance d'un ou plusieurs cadres de police étrangers en formation à Saint-Cyr au Mont d'Or, à l'occasion de la présentation de leur pays et de leur police qu'ils effectuent devant leurs camarades de promotion, des étudiants en Master 2, et des cadres de l'ENSP. C'est le lieutenant-colonel Batchielily, commissaire de l'aéroport international Léon MBA à Libreville (Gabon) qui est le premier à se prêter à l’exercice. Interview.

Qu'avez-vous appris au cours des enseignements de préparation de l'exposé ?

"Essentiellement à gérer le temps et le stress. 10 minutes pour présenter mon pays et sa police, c'est court ! Il faut donc soigneusement sélectionner les informations. La présentation Powerpoint vient en appui du discours et nous permet d'être plus synthétiques. Je remercie le commandant Conseil de nous avoir appris à maîtriser cet outil. Le commandant Valérie Sèvre et Hélène Sarvary, la psychologue de l'école, nous ont appris à gérer notre stress en restant à la fois détendus et concentrés sur nos objectifs. Certes ce n'était pas la première fois que je m'exprimais en public, mais cette fois-ci l'exercice était noté, l'enjeu était donc de taille.

Comment s'est passé votre prestation ?

Je pense avoir dit l'essentiel. J'ai ressenti beaucoup d'émotion au début de ma présentation mais j'ai exploité les techniques et enseignements qui m'ont été donnés. J'ai également perçu que mes camarades me soutenaient et cela m'a mis en confiance. Cet exercice a été très formateur et je pense pouvoir le réutiliser plus tard, dans le cadre de compte-rendus ou de briefings.

Que pouvez-vous nous dire de la police de votre pays ?

Le Gabon est un des pays les plus riches de l'Afrique. Pour autant, sa police n'a pas de moyens humains et matériels très importants. Pour pallier ces manques, il nous faudra nous appuyer sur de nouvelles technologies comme la vidéo-protection, dont j'ai fait le sujet de mon mémoire professionnel. La police gabonaise a un statut partiellement militaire. De par l'autorité qu'elle représente, elle est très respectée par la population. Elle comporte un nombre non négligeable d'éléments féminins (1 500 sur 7 000 policiers). Les faits criminels constatés sont globalement les mêmes qu'en Europe, et on note une envolée de la cybercriminalité et des délits qui l'accompagnent (contrefaçon, escroqueries...). Pour un officier supérieur gabonais, être diplômé de l'ENSP est un accélérateur de carrière, c'est même un préalable indispensable pour espérer atteindre le grade de général. En étant admis à Saint-Cyr-au-Mont-d'Or, je suis déjà passé de commandant à lieutenant-colonel.

Quel est le souvenir le plus marquant de votre carrière ?

En 1998, fraîchement diplômé, je suis affecté en police judiciaire. Nous poursuivons un gang qui sévissait depuis longtemps. A 6h du matin, armes à la main, nous pénétrons au domicile des malfaiteurs. Je me retrouve nez à nez avec un voyou désarmé. Nous nous regardons quelques secondes, et il prend la fuite. Ma conscience m'a interdit d'ouvrir le feu. Je pense avoir eu la bonne réaction car trois jours après, nous l'interpellons et, mis en confiance par ce face-à-face où je lui avais laissé la vie, il passe aux aveux complets. Cet épisode, qui m'a valu de devenir chef du service des affaires criminelles, est bien le plus fort de toute ma carrière !"