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Le tour du monde des polices - épisode 2 : au "pays des Hommes Intègres"

Publié le 1 avril 2014
© ENSP

Nous poursuivons le "tour du monde des polices" avec M. Ouedraogo, commissaire de police stagiaire du Burkina Faso (le "pays des Hommes Intègres") , qui a présenté devant un large auditoire son pays et sa police. Auparavant officier de police, M. Ouedraogo a exercé ses fonctions au commissariat central de Ougadougou, d'abord en sécurité publique sur des missions d'escortes d'autorités, de sécurisations de matchs de football... Puis il est affecté sur des missions de police judiciaire, d'abord comme chef de brigade criminelle, puis comme chef de brigade de recherches dans un arrondissement (l'équivalent de chef de BSU en France) et enfin comme chef de la brigade anti-criminalité nouvellement créée, unité d'élite dont les attributions se rapprochent de celles du RAID français. Faisons connaissance avec lui.

Qu'avez-vous retiré de la phase de préparation de cette présentation ?

"Nous avons pu nous familiariser avec les outils informatiques et la recherche sur intranet afin de construire des présentations powerpoint efficaces et valorisantes. Le choix des images, des animations, la complémentarité du discours et du support ont été, à ce titre, très importants. Le commandant Valérie Sèvre et la psychologue Hélène Sarvary nous ont enseigné des techniques de prise de parole en public. D'abord, j'ai effectué ma présentation devant une caméra et j'ai pu ainsi, en revisionnant ma prestation, repérer des points sur lesquels je devais travailler. Ensuite, devant un auditoire plus large, j'ai pris en compte les remarques qui m'étaient faites sur des attitudes à rectifier. J'ai pu ainsi améliorer la qualité de ma prise de parole.

Comment s'est passée cette présentation ?

On a toujours envie de bien faire et forcément cela donne des émotions ! J'ai diffusé, en guise d'introduction, un clip vidéo valorisant l’intégration entre les peuples, qui m'a permis de capter l'attention de mon auditoire. Puis deux élèves-commissaires, habillés pour l'occasion en tenue traditionnelle des « Mossis » du Burkina, ont fait leur entrée dans l'amphithéâtre. Cela montre l'ambiance bon enfant qui existe entre nous à l'ENSP et qui a accompagné ma présentation. Elle s'est bien déroulée, avec beaucoup de questions de mes camarades sur mon pays et sa police.

Que pouvez-vous nous dire de la police de votre pays ?

La police du Burkina Faso est à statut militaire. Elle est composée de plus de 10 000 personnels. 600 femmes, dont une vingtaine de commissaires, en font partie. C'est d'ailleurs une femme commissaire de police qui commande la première région militaire, et on compte des éléments féminins dans tous les services, y compris dans les unités d'élite et parmi les motocyclistes de la police. Dans les missions de maintien de la paix de l'ONU, des policières burkinabées ont été réquisitionnées. Les autorités ont décidé d’étoffer les effectifs par un recrutement annuel important afin de revoir le maillage du territoire.

Il y a de cela une trentaine d'années, la population avait des réticences à venir vers la police à cause de l’éloignement des services. Un effort important a été fait dans ce domaine et les commissariats sont plus proches de la population dans les différentes localités. La mise en place de la police de proximité a traduit la volonté de la hiérarchie d'impliquer les populations dans la gestion de la sécurité. Dorénavant la collaboration est franche, surtout avec les comités locaux de sécurité qui font remonter les attentes de la population. Le droit coutumier, jadis instance de règlement des conflits, a fait place aux tribunaux. Cependant, on fait appel dans certaines situations aux autorités coutumières pour désamorcer des conflits du fait de la considération dont elles jouissent au sein de la société.

Les tensions sociopolitiques inhérentes à la sous-région ouest-africaine entraînent une prolifération des armes. La criminalité transfrontalière s'est développée et la menace terroriste devient plus palpable. C'est pour faire face à ces nouveaux défis sécuritaires que l'accent est mis dorénavant sur une amélioration de la capacité opérationnelle de la police et la synergie d'action. La coopération française appuie l’État dans ce secteur. Il faut la dynamiser davantage au vue des enjeux pour la stabilité des pays et de la sous région par l'acquisition d’équipements adéquats, et la formation spécialisée, voire un accompagnement permanent.

Votre souvenir le plus marquant de policier ?

Il est difficile pour moi de hiérarchiser les affaires. L'essentiel est que la population que nous protégeons et que nous servons soit satisfaite. Il y a eu certaines affaires sensibles qui ont abouti à des centaines d'interpellations et de déferrements. Ces moments là restent gravés dans nos mémoires. J'ai diligenté une enquête sur une affaire d'assassinat, avec un corps mutilé, qui a défrayé la chronique. Après l'interpellation d'un suspect, les parents de la victime voulaient le lyncher, je n'eus donc pas besoin de lui passer les menottes lors des déplacements, le commissariat étant pour lui le seul lieu de refuge possible. J'ai participé également, étant à la BAC, à une vaste opération de lutte contre le grand banditisme à l’intérieur du pays. Avant mon admission à l'école pour le cycle de commissaire, j'ai pris part à un démantèlement d'une bande armée qui sévissait dans la capitale. Ce sont des moments durant lesquels j'ai constaté que la population reconnaissait le travail de la police et que ma hiérarchie approuvait mon travail."

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