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Le tour du monde des polices - épisode 3 : être policier dans un pays en crise

Publié le 2 avril 2014
Présentation du Mali par M. Coulibaly © ensp

Après le Burkina Faso, nous poursuivons notre tour du monde des polices avec M. Coulibaly, commissaire principal du Mali, pays secoué depuis 2 ans par un grave conflit politique et militaire.

M. Coulibaly, titulaire d'une maîtrise de droit, a exercé dans un premier temps en tant qu'enseignant pendant 6 ans dans des écoles techniques et secondaires.

Admis au concours de commissaire en 2005, il commence alors sa période de formation. "Nous débutons par une formation militaire qui s'achève avec une cérémonie de sortie, avant d'intégrer l'école nationale de police pour une scolarité de 18 mois. A l'issue de celle-ci, nous sommes nommés commissaire stagiaires. Si nous sommes confirmés au bout des 12 mois de période probatoire, nous recevons nos galons définitifs de commissaires".

Pouvez-vous nous résumer votre carrière ?
"J'ai commencé à exercer en tant que chef de section de voie publique au commissariat du 6ème arrondissement de Bamako. Puis j'ai été nommé commissaire adjoint à Nioro du Sahel pendant 2 ans avant de revenir à Bamako. J'ai ensuite été affecté à Kadiolo comme chef d'unité. En tant que commandant de la compagnie de la circulation routière dans la capitale, j'ai apporté un changement radical au sein de cette unité considérée comme la vitrine de la police malienne, en instaurant le sérieux, le dévouement, la discipline et la courtoisie. Ce poste n'avait auparavant été confié qu'à des commissaires principaux ou divisionnaires. J'avais 900 hommes sous mes ordres. C'était un poste passionnant, j'avais notamment en charge les déplacements du Président.

Votre passage à l'ENSP va-t-il être un accélérateur de carrière ?
Je suis devenu commissaire principal en janvier. Pour autant, il ne faut pas s'imaginer que le passage à Saint-Cyr signifie forcément un avancement. Les règles sont strictes : 8 ans pour un changement de grade. Mais c'est une très belle carte de visite. Le Master II permet d'accéder à de très hautes responsabilités.

Quelles sont les principales différences entre la police française et la police malienne ?
Principalement les effectifs et les moyens alors que nous devons couvrir un territoire de 1,2 million de km2 . Nous n'avons pas tous les fichiers informatisés dont vous disposez en France. Ainsi nous avons un seul service d'identité judiciaire une grande ville comme Bamako ! Nous manquons aussi de matériel : par exemple, la police ne possède aucun radar de contrôle routier.
Et pourtant il nous faut lutter contre le terrorisme, le grand banditisme, les délits routiers... Les défis ne manquent pas, surtout face à la crise sans précédent que nous connaissons depuis plus de deux ans.
Il faut composer avec la diversité ethnique et parfois prendre en compte les traditions qui sont très ancrées.

Quels sont les enjeux d'avenir pour la police malienne ?
L'enjeu de la formation est essentiel. Nous devons poursuivre l'effort de sensibilisation à la déontologie auprès des personnels. De retour au Mali, je vais soumettre des propositions à ma hiérarchie en ce sens. Les policiers doivent être mieux formés à la procédure et aux droits du gardé à vue. L'accent doit être également mis sur la formation des unités d'élite. Les groupements mobiles de sécurité devraient être organisés avec un système de roulement et de casernement afin d'être plus rapidement opérationnels.
La formation aux outils informatiques que j'ai reçu à Saint-Cyr m'a convaincu qu'il faut faire progresser l'équipement informatique dans notre académie de police et dans les commissariats.
Quels que soient les sujets, il nous faudra aller vers encore plus de coopération avec la France.

Quel est le souvenir le plus marquant de votre carrière ?
Peut-être cette arrestation de deux terroristes dans le sud-ouest du pays, porteurs de fortes sommes d'argent, et que nous avons fait transférer en véhicule blindé jusqu'à Bamako.
J'ai également reçu les félicitations de deux ministres notamment celles du ministre de la sécurité intérieure pour les efforts consentis en trois ans d'exercice à la tête de la compagnie de la circulation routière."

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