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Distanciel (suite) : « Cette situation atypique est l'occasion de se réapproprier les outils numériques »

Dans nos précédents articles nous prenions des nouvelles des cadres de polices étrangers, confinés sur le site de l'ENSP, et interrogions la commissaire en charge des formations en ordre public. Comment est assurée la continuité de l'enseignement dans ce contexte particulier d'épidémie ?

Aujourd'hui c'est le commissaire Ghislain VILLEMINOZ, chargé de formation en police administrative qui répond à nos questions.

Arrivé à l'ENSP il y a quelques mois seulement il a su s'adapter rapidement à ses nouvelles missions. Il est aujourd'hui confronté à une nouvelle façon d'enseigner : le tout à distance ! Il nous explique comment il construit ses cours.

Comment organisez-vous aujourd'hui la continuité de l'enseignement pour les élèves ?

« On se sert essentiellement de l'outil informatique en transmettant les contenus pédagogiques sur la plateforme "e-campus PN" que mettent à notre disposition les collègues de la e-formation, la moodle. Cela permet de passer des contenus variés en essayant de respecter la progression pédagogique prévue dans la formation des élèves : cours, documentations diverses, interventions filmées de certains professionnels. Certains collègues ont également réalisé des quiz pour mettre un peu d'interactivité et vérifier la bonne compréhension des cours ».

 À quelles difficultés êtes-vous confrontés ? 

« La difficulté essentielle est de perdre le face à face avec les élèves, avec leurs questions. Du coup, nous perdons le "feed back". Or l'interactivité est essentielle dans un cours : elle permet de s'appuyer sur l'expérience des internes, de "sentir" les parties de l'enseignement qui sont bien comprises, d'identifier immédiatement celles qui nécessitent plus de temps, et d'éviter parfois de mauvaises interprétations. Pour diminuer les inconvénients de cette absence de face à face, il y a la solution des forums pour créer ce retour et ces échanges sur les contenus. Mais nous ne nous le sommes pas tous encore parfaitement appropriés.

Pour les élèves, la difficulté que j'identifie en premier, est sans doute celle de devoir s'organiser en respectant le confinement. À l'école, il leur "suffisait" de suivre la programmation établie. Chez eux, dans un contexte anxiogène, avec parfois une famille à demeure, il est plus complexe de s'organiser.

Leur mobilisation dans les commissariats, va également complexifier les choses, en diminuant leur temps d'apprentissage.  Ils vont en revanche acquérir une expérience forte et sans doute marquante pendant cette période de crise qui oblige la police à se réorganiser en urgence, tant dans la priorisation de ses missions que dans son organisation interne. Ça va être difficile, mais ils vont sans doute apprendre beaucoup à cette occasion ».

Certaines matières sont-elles plus difficiles à enseigner à distance ?

« Les matières techniques comme les technologies de l'informatique ou les apprentissages pratiques dispensés par nos collègues FTSI sont évidemment les matières qui pâtissent le plus de la distance.

Mais dans d'autres matières aussi, et je pense en premier à la gestion de l'ordre public (lire l'interview de Dorothée Célard)  et à la police judiciaire, tous les ateliers pratiques et les mises en situation qui permettaient de rendre concrètes des pratiques professionnelles enseignées en amphithéâtre ne peuvent plus être réalisés ».

 Quels moyens techniques avez-vous dû adapter ou développer ?

« En ce qui concerne notre matière de la police administrative, nous avons mis en place un cours vidéo qui est en train d'être monté par nos collègues de la e-formation et que nous pourrons diffuser prochainement. Le résultat est sûrement perfectible et demandera à être amélioré par le retour des élèves, mais malgré tout il permet une approche du cours proposé moins "sèche" qu'un simple manuel. L'écrit est parfait pour présenter et faire le tour d'une question juridique. Mais l'oral permet d'apporter des nuances, de "colorer" certaines situations, et parfois d'attirer l'attention sur les difficultés que l'on rencontre dans la réalité et sur le terrain. Et c'est avant tout ce second aspect, celui du partage de la pratique professionnelle, qu'attendent de nous les futurs chefs de service.

Pour parvenir à cet objectif, l'outil vidéo montre aujourd'hui tout son intérêt : nous avons par exemple la possibilité de proposer aux collègues les témoignages de certains intervenants de terrain qui avaient été enregistrés l'année dernière devant la promotion précédente. La technologie nous aide ainsi à maintenir le caractère pratique et professionnel de nos formations ».

Y a -t-il des "bonnes surprises" ou des pratiques finalement intéressantes liées au distanciel que vous appréciez en tant que formateur ?

« Sans parler de "bonnes surprises", car rien ne remplace le contact personnel et direct, cette situation atypique est l'occasion de se réapproprier les outils numériques et de mieux en exploiter le potentiel. L'outil vidéo, encore une fois, permettrait parfois d'augmenter le nombre d'expériences professionnelles à faire partager avec les élèves : on pourrait ainsi, sur une thématique donnée, recueillir les témoignages de plusieurs collègues pour étendre les illustrations de terrain de manière variée. Par exemple, cinq ou six collègues pourraient, dans des formats courts, expliquer en quelques mots une de leurs expulsions marquantes ».

Arrivez-vous à garder un lien avec chaque élève ?

« En dehors de la messagerie que nous veillons, le réseau "WhatsApp" a été mis à contribution et permet des échanges que les délégués de la promotion répercutent à tous leurs collègues. Des forums sont également en place, mais pour le moment, ils ne sont pas complètement utilisés. C'est sans doute cet outil que l'on pourrait développer davantage dans les jours qui viennent. Dans l'avenir, et à condition que les réseaux le permettent, on imagine tous de pouvoir réaliser des classes virtuelles. Elles sont pour le moment possibles avec quelques participants, mais pas encore à l'échelle d'une promotion... »

Y aura-t-il des incidences sur les futurs examens ou le contrôle continu arrive-t-il à être maintenu ?

« Il est encore un peu trop tôt pour répondre précisément à cette question. Nous faisons le maximum pour que les collègues aient accès à l'intégralité des contenus pédagogiques qui correspondent à leur formation professionnelle ».

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